QUESTION D' EPIDERME

" L' amour n' est que le contact entre deux épidermes" : c' est de CHAMFORT, je crois, à moins que ce ne soit de La Rochefoucauld ou de Schopenhauer, ces auteurs que j' aime tant. Mais l' épiderme est à l' amour ce que la cuisine est à la gastronomie ! La sensualité est un produit de l' amour de l' autre et  pas son origine. Vous n' aimez pas une femme parce qu' elle est belle, elle est belle parce que vous l' aimez. Et plus vous l' aimez plus elle est belle. Mes lèvres sur sa peau, ce n' est pas un appétit culinaire mais,  plus, et plus émouvant, une forme de dévotion. Le plaisir physique est un accomplissement pas un préalable. La jouissance peut être un simple mécanisme, satisfaisant c' est indéniable. Mais la fusion érotique relève de l' art d' aimer, ce que le chef d' oeuvre est à la reproduction à grand tirage. Le sexe est  au sentiment et au plaisir vrais ce que l' ébauche est à la création accomplie. Dans le seul acte sexuel,  simpliste,  impatient ou brutal,  il peut n' y avoir que la domination du mâle inquiet sur sa virilité  ( allez, rappelez - vous Brassens : " le coq perché dessus..." ) ou la rassurance de la femme sur son pouvoir de séduction. Le bonheur sensuel c' est d' abord le talent de la tendresse, sans fausse pudeur ni interdits.

 ( Là je pense à Ferrat : " la femme honnête n' a pas de plaisir... " ). L' apothéose est dans le vrai partage des sens. J' aime bien Chamfort, De La Rochefoucauld et Schopenhaueur, parce que ce sont des " décapeurs" : ils vous débarrassent des scories des préjugés, des tabous, des refoulements pour vous donner à la liberté d' aimer.