En 1943, on racontait à Moscou que le génial (ou pas tout à fait encore) Staline avait pleuré en écoutant Maria Yudina à la radio dans le Concerto n° 23 de Mozart et que l' autocrate mélomane ordonna aussitôt un disque qu' il écoutera (toujours la légende!) sur son lit de mort.
Il est vrai que Maria Yudina (1899 - 1971), elle, était géniale.Le critique musical André Tubeuf écrit tranquillement (Classica 159) qu' on écoute Yudina dans les oeuvres qu' elle interprète " comme si elle était la seule à les avoir jamais jouées.(...)Et rien de ce qu' elle nous apprend alors n' entrera en jeu quand on écoutera la même chose par un autre."
Elle qui considérait Bach comme le Cinquième Evangéliste, ajoutant sa dévotion à Beethoven ou Schubert (la beauté et la grandeur exceptionnelles des Impromptus et de la D 960 sous ses doigts!), elle servait Hindemith, Berg ou Krenek.
Indépendante Maria, dans un temps et un régime qui ne le souffraient pas, de sa Judéité à la foi orthodoxe, elle se se signait en "ostensible" comme on dit à présent, avant de jouer, ou pouvait lire des pages de Pasternak en lieu de "bis". Aussi ses relations ne furent - elles que "tendues" avec le régime de par l' admiration émotive du despote !
Elle était née dans "l' Athènes de la Biélorussie", Nevel, ville d' origine de Chagall, Nadia Léger et Malevitch. Condisciple de Sofronitzki, avec lui Prix Anton Rubinstein, elle fut confinée en Soviétie, hors une "sortie" en RDA pour le Fêtes Bach de Leipzig.
Au marthyrologe, religions, idéologies, régimes politiques ou intérêts économiques sont inscrits au "livre noir" universel. Peser les morts et leur nombre est la tâche des tâcherons, hystéro - polémistes médiatiques. Mais que des bureaucrates tyranniques aient voulu régenter la plus grande musique de ce XX° siècle, Prokofiev, les amis Stravinsky et Chostakovitch de Maria, Richter, Guilels et Nikolaïeva,
l' autre grande dame du piano "soviétique" - cela est un acte d' accusation en soi. Le péché contre
l' esprit.
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