Ce matin nous accompagnons l' ami Philippe dans son dernier don de soi, au travers de ce corps donné à la Faculté comme en aboutissement, en somme, d' années de travail, de dévouement, de compétences dans la mission publique d' enseignement, de connaissance et de santé ...Mais, c' est aussi quelque part une forme de défi à la fin de tout, la mort, la mort inutile qu' on entoure de tous les contes bleus. Car Philippe Avalloni était d' abord un esprit libre.
Il était communiste (...).
Ce matin, le drapeau du Parti Communiste Français est aux côtés de Philippe. C' est dans l' ordre naturel. Il a su toujours y allier l' exercice de la pensée critique et l' attachement du fond de lui au Parti, à son histoire, en en connaissant les erreurs, mais en mesurant pleinement ce qu' avec ses militants il a apporté à ce pays que défait systématiquement, aujourd' hui, la coalition des grands égoïsmes et des lâchetés politiques.
On a dit ici avant moi ce qu' il représentait à Libération. Il était le Pilier. Celui qui, de Samedi matin en Samedi matin, durant tant d' années, a assuré sur le Marché une constante présence de Gauche. Il a su y créer, avec Georges, Josette, Jean - Claude, Gérard, Henri une ambiance bonne - enfant qui faisait qu' on venait le Samedi, d' abord pour manifester qu' il y a dans cette ville une Gauche qui n' existe pas qu' en période d' élection mais aussi pour le plaisir de l' y retrouver.
Militant syndical, élu de la C.G.T., militant politique et candidat pour son Parti, j' ajoute militant culturel avec l' association " culture et loisirs ", Philippe laissera sa marque dans tous ces domaines. Il n' a pas eu une moitié de vie militante. Philippe Avalloni c' est une personnalité et une vie qui prouve qu' on n' écrit le mot fin que sur les écrans de cinéma.
Pensant à lui, c' est penser musique. Elles semblent écrites pour lui ces pages du Requiem de Brahms, les vastes vagues chorales successives qui semblent représenter la longue et obstinée montée de l' humanité vers le beau et le bien ...et des êtres comme lui font qu' elle ne piétine pas trop. Le compositeur, Brahms, pourtant agnostique, conclut son oeuvre par le Livre de l' Apocalypse :
" Oui, dit l' Esprit, qu' ils se reposent de leurs travaux,
car leurs actes les suivent ".
J . B . S .
au Funérarium de la Madeleine à Nice.