dimanche 3 mai 2015

ALORS QUE LES MÉDIAS CLAIRONNENT L' EFFONDREMENT SYNDICAL...

PUISQUE chacun prétend se soucier de l' envol des inégalités, pourquoi cette analyse du Fonds monétaire international (FMI) est - elle passée à ce point inaperçue ? En raison de ses conclusions ?(...) deux économistes issues de ce temple du libéralisme  relèvent  " l' existence d' un lien entre la baisse du taux de syndicalisation et l' augmentation de la part des revenus les plus élevés dans les pays avancés durant la période 1981 - 2010. (...) En réduisant l' influence des salariés sur les décisions des entreprises,l' affaiblissement des syndicats a permis  d' augmenter la part des revenus  constitués par   les rémunérations de la haute direction et des actionnaires ".

Selon ces économistes du FMI, " une moitié environ " du creusement des inégalités que les libéraux préfèrent traditionnellement attribuer à des facteurs (mondialisation, technologies, etc...) découleraient du déclin des organisations de salariées (...) Quand le syndicalisme, point d' appui historique de la plupart des avancées émancipatrices, s' efface,  tout se dégrade, tout se déplace. Son anémie ne peut qu' aiguiser l' appétit des détenteurs du capital.(...)

(...) l' effacement du syndicalisme ne tient ni du hasard ni de la fatalité. En Avril  1947, alors que l' Occident s' apprête à connaître trente ans de prospérité un peu mieux partagée, Fiedrich Hayek, un penseur libéral qui a marqué son siècle, dresse déjà la feuille de route de ses amis politiques : " Si nous voulons entretenir le moindre espoir d' un retour à une économie de liberté, la question de la restriction du pouvoir syndical est une des plus importantes." (...) quelque décennies plus tard, grâce à l' intervention directe  - et brutale -  de deux de ses admirateurs, Ronald Reagan et Margareth Thatcher, lors de conflits de travail marquants (les contrôleurs aériens américains en 1981, les mineurs britanniques en 1984 _ 1985), le "pouvoir syndical a rendu l' âme... (...) En 2007, sitôt élu  président de la République, M. Nicolas Sarkozy fait à son tour voter une loi restreignant le droit de grève dans les services publics. L ' année suivante, il pavoise tel un gamin hilare : "Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s' en  aperçoit."

(...) ( Conclusion de l' étude FMI : )  " il reste à déterminer si l' accroissement des inégalités dû à l' affaiblissement des syndicats est bon ou mauvais pour la société "....


Intégralité de l' éditorial de Serge Halimi
dans LE MONDE diplomatique d' AVRIL.   

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