jeudi 17 mars 2016

LE 8 MARS ET BEAUMARCHAIS

      L' Opéra de Nice a donné récemment en collaboration avec le Circuito Lirico Lombardo des représentations du BARBIERE DI SIVIGLIA de Gioachino Rossini, créé à Rome le 20 février 2016 au Teatro Argentina.

      Le barbier de Rossini est de SÉVILLE. Et de fait tout part d' ESPAGNE. Avec une pièce de Maria Zayas traduite et adaptée par notre Scarron sous le titre  - déjà -  de La Précaution inutile, dans ses Nouvelles tragi-comiques (1655). Molière va s' en inspirer pour sa fameuse et brûlante ÉCOLE DES FEMMES ( 1662). Sa pièce rend définitivement célèbre l' histoire du barbon Arnolphe (qui s' est doté du titre de Monsieur de la Souche, une forme d' aveu...); il a acheté à des bohémiens, dont c' était un des trafics, une petite fille  (le sordide affleure souvent chez Molière, comme dans le  TARTUFFE) pour en faire, en la maintenant dans une parfaite ignorance, l' innocente Agnès, épouse sans reproche.
Parce que le bonhomme est obsédé par la légèreté et l' infidélité de nature chez les femmes. Surtout les  " honnêtes ". Bref! un comique du cocuage.

      Mais Rossini va trouver inspiration dans LE BARBIER DE SÉVILLE ou la Précaution... de M. de Beaumarchais (1775). Sur un sujet semblable: le vieux Bartholo voulant posséder la jeune Rosine. De l' usage de la pupille. Avant le triomphe rossinien  de 1816, un autre Italien, Paisiello, a pris dans son Beaumarchais pour un opéra représenté en 1782. D' ailleurs, le Français est resté maître du jeu puisqu' une autre de ses pièces, suite du BARBIER, LE MARIAGE DE FIGARO (1778), va aussi inspirer un autre chef d' oeuvre opératique : les NOZZE DI FIGARO (1786) de Mozart.

      Nous sommes en plein partage culturel européen. Aujourd' hui l' Europe qu' on nous propose est économique et financière. Mais son fonds historique est culturel.

      À QUELQUES JOURS DU 8 MARS, je prends plaisir à noter : il n' est pas étonnant que ce thème de la prise de liberté d' une jeune femme ait eu ce succès à peu de temps de 1789 et sa Révolution, où l' on sait la place que des femmes y ont tenue. Même si le deux héroïnes doivent beaucoup à leurs amants. Mais la "post-révolutionnaire" Rosine, dans sa sa grande cavatine Una voce poco fa lance :  " s' ILS FONT UN PAS DE TROP, PLUTÔT QUE D' ACCEPTER L' ESCLAVAGE, je leur tendrai mille lacets". Plutôt d' actualité.

       En fait, il s' agit de la subordination des êtres et de de leur utilisation. Aujourd' hui on va chercher des bébés au Vietnam. Le projet n' est pas le même. Mais l' intention ?

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