mardi 3 février 2015

" MARIA... MARIA... "

      " MARIA... ",  Ray Charles ne chantait pas ça pour Callas  ( pour aucune autre femme d' ailleurs ). Mais Maria Callas est une des femmes majeures du XX° siècle. Quand je pense à ces femmes  " de force " et de génie qui ont marqué l' Histoire  ( en dépit de l' histoire officielle c' est-à-dire phallocrate ), il me vient des souveraines  ( mais c' est le plus facile ! ),  de  Christine de Suède proclamant : " je suis née libre, j' ai vécu libre, je mourrai libre ",  à la Catherine de Russie qui ont fasciné  nos intellectuels de renom , de Descartes à Diderot. Pour les révolutionnaires aussi, le panthéon - aux - grandes - femmes - la - patrie - reconnaissante est largement ouvert : la  " femme Desmoulins ",  comme on disait au Tribunal Révolutionnaire,  à laquelle notre société décadente préfère l ' Antoinette Capet,  Michel ou Luxembourg.  Et puis, au XIX°,  George Sand que Balzac appelait :  " notre Grand Homme " (pauvre Honoré ! )... En fait,  c' est un peu mieux que Mitterrand, dont la délicatesse et le progressisme étaient renommés, qui lâchait de Thatchter : " c' est la seule qui a des c... ".

      A XX°, j ' ai mes références... Marie Sklodowska,  morte de sa volonté d' explorer  l' intime de la matière,  mais qui, d' ici là, fut obligée de se cacher derrière son Curie de mari pour se faire entendre des ânes diplômés de l' Académie des sciences. Et puis de Beauvoir qui au travers d' un livre a donné à l'éruption féministe la rigueur des sciences humaines et l' évidence du droit.

      ENFIN IL Y A CALLAS. Bien évidemment dans son domaine. Car cette femme a révolutionné 
l' Opéra au XX° siècle., avec d' autres, réalisateurs et cinéastes... Mais la Diva était au centre d' un art désespérément conventionnel. Où les guerriers du choeur clamaient en Italiens belliqueux : " Andiam', andiam ! " en restant sur place... Quand le ténor devait emporter dans ses bras la soprano, couple amoureux, il se trouvait toujours un  " titi " du Poulailler pour glousser : " fais deux voyages ! ". La Callas a été la première à décider que les temps des éléphantes  ( elle l' a été à ses débuts ) à voix de rossignol étaient terminés. Elle a consacré son corps à l' opéra et lui a abandonné sa voix. Aujourd' hui la moins éclairée des cantatrices a compris qu' on pouvait être belle et soprano ou mezzo. Toutes n' ont pas encore reçu leçon de Maria qui a aussi livré sa voix à l' art lyrique, dans des tessitures qui n' étaient pas pour elle  ( Cio-Cio-San dans Butterfly ), et y compris en rendant sa voix " laide " pour rendre la laideur des sentiments, l' angoisse ou la désespérance...
      
      On a médiatiquement ressorti la rivalité Tébaldi / Callas récemment : objet sans débat sinon pour des raisons commerciales. Tébaldi n' avait qu' une voix admirable et mettait toute son âme dans son chant. C' était beau mais ça ne dépasse pas la beauté.

      Dans ses rôles Maria mettait tout son être.

      La Callas n' était pas qu' une cantatrice : c' était une actrice.

      Une tragédienne.

      Visconti et Pasolini ne s' y sont pas trompés. 
  


     


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