Un ami a donné ce titre à mon texte in memoriam du 2 Juillet après la disparition de ma relation de bar. J' y suis très sensible. Parce que l' émotion de sa mort, que j' imagine douloureuse, passée, il me reste quelques flagrances de notre douzaine de rencontres, de moments heureux sous la bénédiction de... Saint - Omer. Sans équivoque et peu d' épanchement. Mais un plaisir évident, de "déblatérer", de grincer sur les êtres, les déceptions de la vie, et sans affectation. Elle me parlait peu de sa vie antérieure et de ses liaisons. Quelquefois un sourire sûr de ma connivence : " j' ai fait parfois un métier assez peu recommandable, mais c' est quand même une des professions les plus socialement utiles ! " Au - delà nulle confidence sur son passé: je n' ai jamais approché de femme aussi vierge que ***. Une seule fois, peut - être, un début d' abandon : " tu sais, mon chou, je ne me souviens pas d' avoir été amoureuse... pas même un flirt d' adolescente. Et je m' en plains pas car, au fond, je n' ai jamais été blessée par la trahison, la désillusion...". Une fois, dans un frémissement des lèvres un peu plus dur : " quand on n' a eu avec les hommes que des relations purement organiques, on ne peut pas avoir une grande idée d' eux tu penses ". Et, gentille, elle corrigeait : "je dis pas ça pour toi, mon chou !" Et, taquine : "Pourquoi je t' ai pas connu plus tôt ?" On riait comme des fous ! Avec ça, elle avait trouvé dans les livres une vraie compensation. " Tes passes faites, ou tu sombres dans l' alcool, j' ai préféré lire...". Et il est vrai qu' elle s' était donné un beau début de culture littéraire. C' est de cela que nous parlions. Je lui ai photocopié des pages, les plus grinçantes, de Marcel Proust, par exemple sur le Baron de Charlus, obscène bourdon à la quête de corolles de jeunes éphèbes. " Il a tout compris de la misère sexuelle ton Proust,
mon chou !". J' ai laissé mourir seule cette compagne de café... je m' en veux un peu mais, en même temps, c' était une rencontre d' occasion ***...Il est de belles occasions.
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