Alors qu' en matière amoureuse ou amicale, je suis - comment dire? assez " bon public ", prêt à plus d' une faiblesse - abandonné quoi! en politique, plus encore que dans ma vie intellectuelle et culturelle je suis foncièrement incrédule. J' ai pu m' enticher d' un musicien ou d' un peintre un peu exclusivement, comme Picasso a eu sa période " bleue " ou " rose " ( moi, rose jamais ), lu ou relu pendant des semaines telle oeuvre; en politique je n' ai jamais eu ce genre d' envoûtement. La fidélité ne supposait pas le renoncement au quant à soi. Sans-doute parce que j' ai vite compris que, en commençant par mon " camp ", certains suivaient sans gêne le conseil de Monsieur de Talleyrand : " Appuyons-nous sur les principes; ils finiront bien par céder ". Voilà pourquoi, quand ça devenait " impossible ", je partais sans rancoeur nourricière et, quand je me lassais du rôle d' Achille sous sa tente, je revenais sans esprit de revanche ou de règlement de comptes. Mais l' esprit toujours aussi libre. Je parle là de mes relations avec mon Parti. Je vais vous dire : c' est quand même en politique qu' il est le plus facile de conserver son sens critique !
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