J' AI TOUJOURS CONSIDÉRÉ le
secret du suffrage comme un des piliers des vraies et solides démocraties. Pourtant, après beaucoup d' autres, je vais déroger à la règle. En conclusion, je vous dirai quel sera mon vote dimanche. Oui, à la fin,
suspens... " Ô TEMPS SUSPENDS TON VOL..." Vous aurez peut-être la patience de me lire d' ici là...
LE 6 AVRIL a été une journée noire... ou vert-de-gris... Ce ne fut pas une journée terrible dans un temps serein ! L' horreur annoncée... Le résultat de dimanche dernier était prévisible. Tout y préparait. La poussée du Front national n' a été que la conséquence immédiate, en premier lieu, de la mal-faisance de la manipulation médiatique depuis des mois qui a placé l' extrême-droite AU CENTRE de la vie politique. Ce n' est pas le simple fait de journalistes pervers et sans honneur. Quand on sait à qui appartiennent journaux et chaines radio/télés, sans que le service public d' information lui-même s' en démarque, on a la preuve que le CAPITALISME, et ses rouages, comme en d' autres époques très détestables, quand il est dans une phase d' aiguisement de son exploitation, ce qui à présent est le cas, se repose sur deux alliés complémentaires : la sociale-démocratie (ou social-libéralisme) et le fascisme et ses avatars. L' Amérique latine, aujourd' hui l' Europe, en ont apporté et en apportent la preuve. Le procédé est, au préalable, celui de la
dédiabolisation de l' extrémisme droitier. Toujours Hitler en complet veston dans le gouvernement Ribbentrop.
QELLES SONT SES ARMES en 2015 ?
Il en est de plus REDOUTABLES. La première est la suite de démissions et capitulations des dirigeants et ministères socialistes. Pas seulement depuis 2012. Depuis les renoncements mitterrandiens, les ralliements de Jospin jusqu' aux abandons de
déshollande, Valls, Sapin et consorts. Évitez-moi de remonter à la non-intervention en Espagne. Leurs alignements sur les canons de la droite libérale et capitaliste conduisent directement au 6 décembre. Mais la collusion opportuniste et manoeuvrière des "penseurs" et décideurs de la droite a sa grande part de responsabilité. Quand de Villepin, pourtant si lucide quand il le veut, affirme que l' action, notamment internationale, du pouvoir actuel "livre clé en mains" la République au Front National, il a raison mais il pourrait l' appliquer à sa propre "famille politique" (ce qu' il fait partiellement d' ailleurs, notamment sur la Lybie) et à son mimétisme extrêmiste
pour faire passer les ravages sociaux et humains de l' austérité dont il est, lui aussi, partisan.
Mais cette évolution est aussi la conséquence des institutions de la V° République, faites pour le grand homme (le premier "anti-système des partis" de France) et quelques uns de ces hommes de main (Foccard, Pasqua...) et ses "traitres" intimes (Pompidou, Giscard....). C' est sous cette république que la lamentable hypertrophie de la délégation confiscatrice, de la personnalisation dans le débat public, se sont épanouies pour passer le relai, dans les temps qui viennent, à la version éculée de l' entreprise toute personnelle et familiale sous le sigle "parti national". Nous sommes là à l' apogée de la forfaiture "démocratique"
Enfin, la troisième cause du résultat de dimanche est LA DÉFAITE DE LA PENSÉE de ce qu'il peut y avoir d' humaniste, de progressiste et, à plus forte raison, de révolutionnaire dans notre société. Avec la faillite des "clercs". Où sont nos intellectuels ? Sans espérer un Voltaire, un Hugo, un Zola, un Sartre, nous sommes assaillis de discoureurs radiodiffusés et télévisés agrippés aux idées les plus réactionnaires. Certains, jadis, dénonçaient le communisme inhumain. Que nos "philosophes", "moralistes" dénoncent-ils à présent la barbarie sociale du capitalisme ! Sans parler de ceux ripolinant le Front National sur des questions comme l' Euro et l' Europe, retournant à droite le concept de "révolution" - nationale bien-sûr - dans un seul pays. Quand l' irresponsabilité part des intellectuels, elle gagne tout le corps social.
Mais, bien entendu, LA GAUCHE DE RÉSISTANCE ET DE TRANSFORMATION SOCIALE,
NOUS avons nos propres responsabilités. Ceux qui disaient qu' ils ne voteraient pas Front de Gauche, et surtout communiste, parce qu' ils se rallieraient au second tour. Ceux-là ils avaient tout prévu ! Sauf que ce serait la direction socialiste qui priverait d' opposition à la droite-extrême et l' extrême-droite la plupart des conseils régionaux. D' où ces militants et adhérents qui rendent leur carte. Enfin, ils comprennent ! Ce peut être la grande nouvelle de ces Régionales. Avec les désorientés du parti Vert en balance entre institutions et contestation, les communistes affaiblis, les sortants du Parti de Gauche et les citoyens sans habitat, il est loisible d' espérer que des constructeurs volontaires se retrouvent dans l' élan COLLECTIF de ce qu' a été la campagne 2012.
Comme promis, j' en viens à MON VOTE. J' ai beaucoup réfléchi. Je n ai donc plus aujourd'hui de troubles, de crampes d' estomac ou de nausées. Je n' ai jamais fait de politique pour mon contentement personnel ou pour soigner mes certitudes. La politique est une suite de situations concrètes. Je ne me prononce pas sur des personnes. Je n' ai aucun rapport avec Monsieur Estrosi. Je choisis mes relations. J' aime assez regarder la Maréchal mais je ne confierai jamais à elle et à sa clique la gestion de ma région.Mon adversaire c' est le capitalisme. Lui et les erreurs de mon propre camp me mettent dans LA SITUATION d' éliminer une des deux formes du capitalisme. Mais ces deux formes ne sont pas identiques. Le FASCISME est la pire continuation, par d' autres moyens, du CAPITALISME.
Après toutes les considérations que je viens d'évoquer, après demain, je mettrai un morceau de papier dans l' urne sur lequel il y aura écrit Christian Estrosi.